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Résolutions de politique générale du NMP


SOUS LE THEME : Pour un Panafricanisme de Gouvernement

Le cadre politico-institutionnel (constitution, partis politiques, jeu partisan, code électoral, société civile) issu des revendications démocratiques des années 90, consacré par la tripartite, a produit une division de travail géopolitique (interne) et politique. Celle-ci était structurée par l’éclatement de la grande UNC en plusieurs factions politico-régionalistes d’une part et l’avènement du SDF qui,surfait sur une dialectique tendancielle antagonisant une dimension nationale et un fond géo-linguistico-régionaliste, d’une part ; « les forces de la rue » portées, pour l’essentiel, par une nouvelle génération d’hommes politiques et d’acteurs civils encadrés par l’aile révolutionnaire de l’UPC et une aile s’inspirant du mouvementisme civique noir américain, d’autre part.
L’Etat et le RDPC ont su discipliner et canaliser, par la force et l’intelligence politique, cette vague démocratico-insurrectionnelle pour imposer cette division du travail dont les buts fonctionnels étaient clairs : 1) Garantir la continuité de l’Etat 2) Stabiliser politiquement le pays 3) assurer l’hégémonie du RDPC 4) favoriser le développement économique et social.

Cette division de travail politique et géopolitique (interne) a été animée et assurée depuis les années 90 jusqu’à nos jours par les « forces politiques » du Grand Nord, les « forces politiques » du Grand Ouest, les « forces politiques » du Grand Littoral, les « forces politiques » Bassa et les « forces politiques » du Grand centre d’une part et le RDPC d’autre part. 
Autrement dit, pour mieux nous expliquer, le Grand Nord, ce sont l’UNDP (L’ANDP, le FSNC etc…), le MDR et l’ADD et le RDPC ; Le Grand-Ouest, ce sont le SDF, le MRC et « les anglophones », la diaspora intérieure et le RDPC ; Le Grand Littoral, ce sont le complexe minoritaire Douala, le SDF et le RDPC ; Le Grand Centre, enfin, c’est le fractionnisme claniste et ethno-nationaliste, plus le RDPC. 

Nous sommes là en face d’une structuration centre-périphérie, reflet de la structure géopolitique et géo-économique du monde. Que celle-ci soit nourrie, dynamisée, (si l’on laisse de côté, le poids du joug colonial, de la lutte des classes, de la lutte des cadets sociaux contre les ainés sociaux) par le nationalisme ethno-foncier et féodal, d’une part ; et les liens historiques de vassalité/suzeraineté entre les nationalités ethniques d’autre part, cela coule de source. 
Donc autour du RDPC centre, rote une périphérie éclatée géo-ethniquement. L’Etat et le RDPC, n’échappent pas à cette loi ethnique, eux qui structurent pour les besoins de la « guerre géo-ethnique », un fief, un bastion géo-ethnique : le Grand Centre (Est, Sud et Centre).  

L’Etat et le RDPC ont réussi à institutionnaliser ce rapport centre-périphérie, en articulant une maîtrise de la loi des « alliances extérieures » et une haute connaissance des lois géo-ethniques internes. On appelle ça : Les grands équilibres.
L’Etat et le RDPC ont dominé ce rapport centre-périphérie depuis vingt-huit (28) ans. Nous avons prévenu plus haut, de ce que dit ledit rapport, était, en fait, une division géopolitique et politique du travail qui, avait des missions historiques à remplir.

L’a-t-elle fait ? 

I.1.1. Pédagogie politique   

Que le capitalisme soit globalisé ou pas, à partir du moment où il s’est confondu avec l’esclavage, la colonisation, l’impérialisme et maintenant la recolonisation, il structure toujours un centre et une périphérie. Ça saute à l’œil. Qu’on veuille le nier par le déluge de feu idéologique et propagandiste du capitalisme, n’y change rien. A partir de là, un projet politico-étatique qui veut institutionnaliser ce rapport centre-périphérie en interne, est objectivement révolutionnaire si cette institutionnalisation vise à décoloniser et/ou à empêcher la recolonisation. Ce projet politico-étatique peut ne pas avoir la maîtrise des paramètres géopolitiques et géoéconomiques, au niveau global, (comment en serait-il autrement) de sa démarche institutionnelle. Ceci ne saurait la réduire à ce que d’aucuns qualifient de « démarche velléitaire ». A partir du moment où l’Etat là, lutte (à sa façon) pour s’émanciper de la pesanteur de ces paramètres, il est objectivement dans une démarche révolutionnaire, politiquement parlant.
Il faut convoquer, ici, les travaux doctissimes, magistraux et historiques du Professeur Samir Amin, à propos des lois du rapport centre-périphérie, travaux validés par l’évolution du capitalisme jusqu’à son stade global actuel.

Il ressort de ces travaux que : 

La responsabilité première de la situation socio-économique dans la périphérie, incombe à l’occident capitaliste.
Le bilan des Etats néocoloniaux de la périphérie est, de loin, supérieur au bilan colonial.
L’endo-colonialisme, c’est-à-dire le co-pillage des Etats de la périphérie par les bourgeoisies administratives et compradores de ces Etats-là, est une réalité incontestable. Pour autant, il n’a jamais élevé cette contradiction secondaire au niveau de la contradiction principale, motrice de l’histoire de ces sociétés. Le Professeur POUGALA, dans son livre de Géostratégie africaine, Tome II reprend avec une rare pertinence, à son compte, cette rupture épistémologique et pédagogique, pour arriver aux mêmes conclusions que le Professeur Samir Amin. Au regard de tout ceci, il appert clairement que si nous voulons retrouver la maîtrise historique de nos sociétés, il faut cesser de porter les lunettes occidentalocapitalistes, pour lire et analyser notre évolution socio-historique.

Le bilan des Etats africains de la périphérie, une fois que l’on a ôté ces lunettes aliénantes, est largement positif si l’on tient compte du niveau de départ (qu’ont-ils hérité de la colonisation dont les mécanismes n’ont jamais cessé, sous des formes toujours inédites, d’impacter négativement ces Etats).

A propos du Cameroun, qui peut nier que si l’on part des indépendances, nos acquis sont supérieurs à nos échecs ? C’est que notre pays est travaillé par deux dynamiques contradictoires et historiques : la dynamique de la continuité coloniale et celle de la continuité de la libération. Sous le prisme déformant des lunettes occidentalo-capitalistes, nous avons décrété que les échecs annulent les acquis qui ne méritent même pas l’honneur d’être défendus ou conservés. Tant qu’il n y’a pas d’alternance à la tête de l’Etat, faire tabula rasa pour tout reconstruire après, est la seule voie de salut. « L’anti-rdpcisme primaire » va alors battre son plein et tiendra lieu de politique et de projet politique. Un criticisme vulgaire, sans perspectives dignes de ce nom, remplace la réflexion et la pensée politiques. Ce qui ne veut pas dire que nous ne sommes pas conscients du fait qu’un puissant courant politique réactionnaire domine le RDPC. De là à réduire le RDPC et l’Etat à cela, il y’a un pas que nous refusons de franchir. 

I.1.2. La division du travail dont il est question, a-t-elle rempli ses missions ? 

Celles-ci étaient : 1) Garantir la continuité de l’Etat 2) Stabiliser politiquement le pays 3) Assurer l’hégémonie du RDPC et enfin 4) Favoriser le développement économico-social du pays.

Pour ce qui concerne la mission : 

1) La continuité de l’Etat a été assurée jusqu’à l’éclatement de la crise anglophone, celle-ci se présente comme étant l’une des plus grandes menaces qui plane sur la continuité de l’Etat.
2) La stabilité politique a été, pendant ces deux dernières décennies, l’atout majeur du pays. Elle tient désormais sur un pied. Elle peut se transformer en déstabilisation généralisée. Des forces endogènes liées incestueusement aux forces exogènes y travaillent consciencieusement et assidûment.  
3) Le RDPC a dominé le jeu politique jusqu’à lors. S’il est représentatif au plan politico-légal du pays, le maintien et la conservation de cette domination en l’état, s’opère désormais au péril de l’Etat et de la Nation. Il y’a divorce entre cette domination et les conditions sociales de celle-ci.
4) Favoriser le développement économico-social dans les conditions périphériques qui, sont les nôtres, signifient, avant tout, desserrer les verrous coloniaux (économie de comptoirs, colonialisme monétaire, iniquité des termes de l’échange, maîtrise des facteurs etc…) pour débloquer les forces productives. 

A cet égard, les grands travaux structurants constituent un bon pas en avant dans le sens de la libération et la maîtrise des coûts des facteurs. Malheureusement, ces travaux s’opèrent alors que la facture sociale a explosé et que la pauvreté galope. Il faut articuler les grands travaux structurants avec le déblocage réel de toutes nos forces productives et une vraie dynamique d’inversion de l’appauvrissement généralisé des populations.
La division du travail géopolitique (interne) et politique a rempli ses missions, en partie seulement. Maintenant qu’elle s’essouffle inexorablement et pour qu’elle ne se retourne pas entièrement contre ellemême (retournement commencé et accéléré par la crise anglophone), il faut lui redonner du souffle. Auparavant, il faut dire que cette institutionnalisation du rapport centre-périphérie en interne, épuise sa sève et achève son rôle historique parce que les conditions objectives et subjectives qui le permettaient, ne sont plus réunies. 

Les conditions objectives : La correspondance géopolitique qui, la liait au niveau mondial, s’est muée en non-correspondance à cause de l’instabilité géopolitique devenue la loi géopolitique de la globalisation. Elle met à l’ordre du jour la recolonisation de l’Afrique. A cet égard, les régimes comme ceux du Cameroun et les Présidents comme celui du Cameroun ne sont plus compatibles avec cet agenda recolonial. La diversification des partenariats ne suffit pas à écarter les menaces liées à cette non-correspondance. Il faut systématiser le jeu politique en passant d’une institutionnalisation politico-domestique à une institutionnalisation politico-systémique.  

Les conditions subjectives : Les forces politiques de « l’opposition » ont internalisé cette noncorrespondance (concubinage incestueux avec l’extérieur poussé à l’extrême). L’âge avancé du chef de l’Etat (d’après eux) pose politiquement le problème de sa succession (il doit partir à tout prix). Ce problème, cette faille est outrancièrement exploitée pour rendre le pays quasi-ingouvernable. La corruption qui sévit au sein de la haute administration, brise la cohérence interne de l’Etat (de hauts commis de l’Etat enrichis par la corruption deviennent les agents conscients de l’étranger et s’instituent en rivaux politiques du chef de l’Etat etc…). Au lieu que l’Etat et le gouvernement se concentrent sur le travail gouvernemental proprement dit, ils sont les otages des luttes de factions qui se neutralisent tout en affaiblissant l’Etat donc, sa capacité à diligenter le processus de développement socio-économique.

Si le chef de l’Etat a anticipé sur cette non-correspondance géopolitique (réforme de l’armée, nonreconduction des accords secrets de coopération, loi anti-terroriste, diversification des partenariats, opération Epervier et décentralisation), ses efforts n’ont pas pu venir à bout de la détermination de ceux qui sapent cette cohérence nécessaire.

I- POUR UNE INSTITUTIONNALISATION SYSTEMIQUE 

Par institutionnalisation domestique, nous pensons à cette culture politique et institutionnelle qui consiste à réduire l’Etat et sa dynamique institutionnelle à un redistributeur du gâteau national et à un gestionnaire des logiques géo-ethniques d’accès à ce gâteau. La dynamique politico-institutionnelle ne s’est jamais encombrée d’une réflexion géopolitique et géoéconomique sur la nécessité de faire correspondre la taille du gâteau et le nombre de bouches à nourrir. Pour preuve, les performances économiques de notre Etat sont pleinement réalisées, d’après ses représentants, lorsque nous satisfaisons aux ordonnances du FMI et maintenons une croissance positive. C’est déjà çà, et c’est mieux que rien, mais ça ne développe pas un pays et ne garantit pas à terme, la continuité de l’Etat. Pire, ça aggrave les lois de la géo-ethnie et fige la politique dans la recherche fatale « des grands équilibres » qui, désormais, sont incapables de satisfaire la demande sociale, la demande politique et les exigences des rapports de forces induits par la globalisation.

Par systématiser la dynamique institutionnelle, il faut entendre « la sortie du joug » des « grands équilibres », la responsabilisation de tous et de chacun quant aux enjeux que le pays doit affronter et la modernisation du cadre politico-institutionnel (pas au sens occidentalo-capitaliste du concept).

Sortir des grands équilibres : La décentralisation va dans ce sens. C’est la deuxième (2ème) génération de la décentralisation qu’il faut mettre en œuvre. L’administration doit opérer sa mutation pour passer d’une administration de l’équilibre régional à une administration de management.
La responsabilisation de tous et de chacun : construire la démocratie sociale, civique et directe.
Moderniser le jeu politique : Un système politique au sens où nous l’entendons, suppose un consensus minimum, organique sur ce qu’on appelle : les intérêts supérieurs de l’Etat. Les règles découlent de ce consensus organique et non l’inverse. Ce consensus qui est évidemment dynamique, vise à donner à l’Etat et à la nation, les moyens politico-institutionnels de gérer ses contradictions à l’abri des interférences extérieures. 

Il faut donc redéfinir le contenu du jeu politique, responsabiliser les acteurs politiques bref, la mise en œuvre d’une nouvelle pédagogie politico-électorale s’impose. Il faut sortir de la démocratisation pour entrer dans la démocratie. 

Fait à Douala,
Le 15 juin 2018

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